Quatrième année : 1917
Petit rappel des morts des années précédentes
1914 - 14 tués entre septembre et décembre
1915 - 16 tués dans l’année
1916 - 9 morts
38 jeunes de la commune ont déjà payé de leur vie en ces trois premières années de combats. Et la guerre continue, dans les tranchées. Le moral n’y est plus. L’on vit très mal : la nourriture est un problème au quotidien, il y a le manque d’hygiène et de sommeil, la peur constante au ventre, la mort à portée de canon. L’on commence à désobéir quand il faut partir lors des combats inutiles et sanglants. La chair à canon, cela suffit !
Le 6 avril, la guerre se mondialise : les Etats-Unis entrent dans le conflit, tournant capital pour l’issue du conflit mondial.
Mais, sur le terrain, les combats redoublent de violence. Le 9 avril, c’est la bataille d’Arras puis le 16, celle du Chemin des Dames qui s’éternisera jusqu’en octobre, avec un lourd bilan de 200 000 morts du côté français.
1-Pierre François Bouley,
célibataire, 39 ans, était né le 1er janvier 1877, à Ouville.
Son père, Léon avait épousé Adèle Hennequin.
Soldat au 80ème Régiment Territorial d’Infanterie, le matricule 924 sera tué à l’ennemi le 6 février, à Nieuport, en Belgique, sur le champ de bataille.
Nieuport ?
C’est aux abords de cette cité côtière, sur l’estuaire de l’Yser, près de la mer du Nord, que démarraient les 40 000 kilomètres de tranchées de la ligne de front.
Une zone de polders inondée volontairement lors des marées, pour retarder l’ennemi.
« La boue des Flandres » selon le titre du livre de Max Deauville (1881-1966), médecin de bataillon qui raconte la vie dans ces sinistres lieux, boue dans laquelle les soldats s’enfonçaient parfois jusqu’au ventre.
2-Frédéric Jacques Achille Delalande
avait 21 ans.
Né le 31 mars 1896 à Saint-Denis-le-Vêtu,
il était le fils de Jean-Baptiste, né à Ouville et de Marie Boudier.
Cavalier au 24ème Dragon, il est décédé le 19 avril à 13h30, rue Chauffepieds, à l’hôpital des Salésiens à Dinan, de maladie, suspicion de TB, ce qui signifiait tuberculose, contractée en service.
24ème Dragons ?
Notons que les 3 et 9 avril 1914, son régiment des 24ème Dragons, mais il n’y était pas encore affecté, embarquait hommes, chevaux et matériel en gare de Dinan dans trois trains spéciaux, direction Rennes, pour partir ensuite sur le front.
Le 24ème Régiment de Dragons était mobilisé à Rennes.
Il a participé à la bataille de Verdun.
En 1930, il fut remplacé par le 14ème Bataillon de Chasseurs Alpins.
Reconstitué en Algérie en 1956 et re dissous en 1958
3-Ismaël Edmond Philémon Goutière
natif du Mesnil-Aubert le 21 janvier 1875, était le fils de Philippe et de Marie Thélot.
Le canonnier conducteur au 105ème Régiment d’Artillerie Lourde est décédé le 4 février à l’hôpital Saint Mandrier dans la rade de Toulon, des suites d’une maladie contractée en service.
Un extrait de registre des décès a été adressé le jour même au maire de Cherbourg. Ismaël avait épousé, le 3 mars 1903, à Cherbourg, Albertine Moitié.
L’artillerie lourde ?
Son rôle est devenu capital, dans cette guerre, quand le front s’est stabilisé en une vaste bataille de tranchées. Il fallait des canons de plus en plus gros avec énorme puissance de feu. En cinq ans, du côté de l’artillerie française, trois cent millions d’obus labourèrent les sols, pilonnèrent les retranchements, massacrèrent les hommes. Un canon de 75mm (modèle 1912) pouvait tirer 10 à 12 coups à la minute, avec une portée maximale de 7,5 kms !
4-Frédéric Eugène Lesaulnier
A sa naissance, le 4 octobre 1896, son père Dieudonné, propriétaire cultivateur au village de la Bazirais, était décédé. Sa mère se nommait Zélie, nom de jeune fille Founaud.
Le soldat 2e classe du 9ème Régiment d’Infanterie a été tué à l’ennemi le 19 avril au Mont Sans Nom (210m) devant Moronvilliers dans la Marne. La mère n’a appris le décès de son fils qu’un an et demi plus tard, le 30 septembre 1918, l’acte de décès ayant été transcrit à la mairie communale ce jour-là
Moronvilliers ?
C’est une ancienne commune de la Marne, supprimée en 1950, dont le nom a été symboliquement rattaché à sa voisine Pontfaverger-Moronvilliers, à une vingtaine de kilomètres de Reims.
Le village avait été complètement détruit lors de cette 1ère Guerre Mondiale. Puis reconstruit.
Achevons le bilan de cette quatrième misérable année de guerre avec une récompense et, puisque les Etats-Unis sont arrivés au secours des Alliés, avec un espoir de paix pour l’année suivante.
Le 10 décembre 1917 : le prix Nobel de la paix, le seul à avoir été décerné lors de la Première Guerre mondiale, était attribué au Comité international de la Croix-Rouge. Avouons qu’il le mérita bien car ses bénévoles ne chômèrent pas en ces années de terribles combats !
Merci aux sites Mémoire des Hommes, Wikipédia et aux Archives Municipales que j’ai consultés.
Nelly Duval, septembre 2017